Lors du « lancement de saison 2023 », avec d’autres prestataires en lien avec l’accueil des visiteurs de cette nouvelle saison, ce livre nous a été présenté.
Sa lecture, très enrichissante quant à la direction à choisir pour mieux recevoir les voyageurs qui viennent nous voir, m’a donnée envie de partager cette philosophie…
Prologue :
Le tourisme, pour quoi faire ?
Tourisme ? Quelle définition ?
Pour le Trésor de la Langue Française : Activité d’une personne qui voyage pour son agrément, visite une région, un pays, un continent autre que le sien, pour satisfaire sa curiosité, son goût de l’aventure et de la découverte, son désir d’enrichir son expérience et sa culture. (…)
Pour Wikipédia : «Le mot tourisme désigne le fait de voyager pour son plaisir hors de ses lieux de vie habituels, et d’y résider de façon temporaire, mais aussi un secteur économique qui comprend en plus de l’hôtellerie l’ensemble des activités liées à la satisfaction et aux déplacements des touristes.»
On le lit bien : le mot est ambivalent puisqu’il désigne, à la fois, une activité hédonique liée au fait de voyager et une activité économique liée à ce même fait.
En bref : le plaisir et le business liés aux voyages.
Donc, le tourisme pour quoi faire ? Pour engendrer du plaisir au moyen du voyage.
Mais la question ne se clôt pas ici. En effet …
Qu’est-ce que le voyage ?
Qu’est-ce que le plaisir ?
Voyager, c’est, semble-t-il se déplacer. Soit. Mais un déplacement doit-il nécessairement être physique ? Ne dit-on pas, parfois : «voyager dans sa tête» ou «voyager en esprit» ? Ne dit-on aussi : «ce documentaire que je regarde devant mon écran est un véritable voyage» ?
On peut donc voyager sans se déplacer. Mais est-ce encore du tourisme ? Autrement dit : «suivre une voie» (voyager, donc) est-ce toujours «faire un tour» (faire du tourisme, donc) ?
Pas nécessairement…
Souvenons-nous de la fin de l’Invitation au voyage de Charles Baudelaire… (…)
Là, tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté.
Ordre et beauté, luxe, calme et volupté…
Volupté… Nous y voilà ! Le voyage est une quête de volupté, c’est-à-dire de plaisir extrême et sublime. Et si en plus il y a de l’ordre, de la beauté, du luxe et du calme, on ne va pas bouder le plaisir qu’il offre.
Le tourisme, in fine, ne serait-ce pas l’art subtil et difficile d’engendrer du plaisir voluptueux en sortant de son monde, de sa propre routine quotidienne, de ses propres contraintes voulues, imposées ou supposées, de son propre mode de vie habituel ? En sortant de chez soi… En sortant de soi…
Voyager c’est sortir ! Sortir de son propre monde habituel par des voyages intérieurs ou extérieurs, et y prendre un voluptueux plaisir.
Un touriste, c’est un voyageur… IL ne devrait pas être de ces gens stupides qui vont loin sans sortir de leur petit monde, qui vont loin pour y aller faire la même chose de la même manière, qui se déplacent sans vraiment voyager.
Ceux-là, ce sont des « touristes » au sens très péjoratif de quelqu’un qui déambule dans la superficialité et la bêtise…
« Oh, lui, c’est un touriste ! »
Tout ça, ce n’est pas du plaisir voluptueux, c’est de la médiocrité déguisé en plaisir.
En ce sens péjoratif, être un « touriste » dans la vie, ce n’est pas vivre, c’est vaguement survoler la vie, sans la voir, sans la vivre.
Le tourisme doit être ou devenir tout le contraire de ce qui consiste à s’occuper de ces gens-là qui prennent des charters, qui font du bruit, qui salissent et abîment tout et qui s’empiffrent de « malbouffe ».
Le tourisme, comme la gastronomie, est l’art de construire de la volupté avec noblesse et virtuosité. Le tourisme, comme la gastronomie, est un art, pas une industrie.
La gastronomie, ce n’est pas faire de la bouffe. Le tourisme, ce n’est pas déplacer des crétins.
Le tourisme – celui de demain -, ce sera tout sauf organiser des transferts de viande humaine vers de faux paradis artificiels.
Entrouvrons la porte et jetons-y un coup d’œil… voyageur !